Introduction
Dans la vie d’un·e créatif·ve indépendant·e, certaines sollicitations viennent parfois réveiller un drôle de parfum venu d’un “ancien temps”.
Celui où l’on attendait de vous :
- de la générosité (gratuite),
- du temps (sans cadrage),
- de l’engagement (sans contrepartie)…
Le tout emballé dans un discours bienveillant, flou, parfois même légèrement paternaliste.
Récemment, j’ai été contactée par un interlocuteur qui m’a replongée dans ce type de dynamique. Alors j’ai eu envie d’en faire un article. Pas pour régler des comptes — ce n’est pas le lieu — mais pour partager quelques repères utiles, et peut-être vous éviter de perdre du temps là où il n’y a rien à construire.
1. La sollicitation floue : un classique bien rodé
Ça commence souvent par une phrase vague :
“On aimerait échanger avec vous autour de ce que vous faites.”
“On vous suit, on trouve votre travail très intéressant.”
“On pense qu’il y aurait quelque chose à imaginer ensemble.”
Mais derrière, aucune demande concrète, pas de mission définie, pas d’objectif, encore moins de budget. Pourtant, la personne espère que vous allez vous rendre disponible, “juste pour en parler”.
Mon conseil :
Si la demande n’est pas claire, cadrée, réciproque — c’est non. Ou alors une réponse simple, sans appel :
“Merci pour votre message. Je vous invite à me recontacter avec une demande précise, dans le cadre de mes prestations.”
C’est une manière saine de filtrer les sollicitations et de préserver votre énergie.
2. Derrière la forme, une posture
Parfois, la personne en face est plus âgée, installée dans un réseau ou une institution, et elle projette sur vous une attente implicite : vous êtes jeune, créatif·ve, “visible”, donc vous devriez être flatté·e.
Et donc, dire oui.
Mais en 2025, la reconnaissance ne se négocie plus en “visibilité”. Elle se structure dans un cadre professionnel, avec :
- un brief clair,
- un budget défini,
- des attentes réalistes.
Sinon, on est dans le flou artistique, version business.
3. Poser ses limites sans culpabiliser
La clé, c’est de professionnaliser la réponse, sans se justifier, ni culpabiliser. Voici quelques leviers utiles :
- Proposer un créneau court et précis (“Je peux vous proposer un rendez-vous de 20 minutes sur tel créneau. Au-delà, je propose des prestations d’accompagnement.”)
- Orienter vers vos offres payantes ou votre portfolio professionnel.
- Renvoyer vers des ressources existantes (articles, FAQ, témoignages).
- Dire non, simplement et poliment. Parce que vous avez le droit.
Votre temps, votre énergie, votre expertise… ont de la valeur. Ce n’est pas négociable.
4. Ce que ces dynamiques racontent (et pourquoi il faut les remettre en question)
Ces sollicitations viennent souvent d’un ancien modèle où :
- la parole était implicite et floue,
- l’expertise (souvent féminine ou créative) était remise en cause par défaut,
- le travail “passion” devait être offert, ou à minima, fortement sous-évalué.
Mais aujourd’hui, ce fonctionnement n’est plus tenable — ni économiquement, ni humainement.
Poser un cadre, ce n’est pas être rigide. C’est être clair.Refuser un échange non cadré, ce n’est pas être impoli. C’est être professionnel.
Et c’est aussi, quelque part, faire évoluer les mentalités.
Conclusion
Certaines sollicitations ne sont pas malveillantes. Elles sont juste hors-sol, déconnectées de la réalité du travail créatif aujourd’hui.
Alors non, on ne laisse pas entrer par la fenêtre ce qu’on a appris à poser à la porte :
les attentes floues, les échanges déséquilibrés, les “petits coups de pouce” qui coûtent beaucoup trop.
Et à vous, les créatif·ves, les indépendant·es, les entrepreneurs de sens :
vos limites sont justes. Et poser un cadre, c’est honorer votre valeur.
Vous avez vécu ce type de sollicitations floues ou déstabilisantes ?
📩 Écrivez-moi pour partager votre expérience à mariellephilipdesign@gmail.com — je serai ravie de vous lire, et qui sait, cela nourrira peut-être une suite à cet article.
Merci pour votre lecture.